vendredi 3 novembre 2017

Le droit du travail enclenche la marche arrière [Actu]


Ce matin, Página/12 fait sa une sur les réformes du droit du travail en préparation au sein de l'exécutif argentin et analyse les composantes des projets présentés :
  • réduction des cotisations patronales et des indemnisations de licenciement,
  • restriction des recours à la justice du travail (souvent traitée de mafia par le président Mauricio Macri),
  • assouplissement de la loi des 8 heures de travail par jour pour permettre aux entreprises d'allonger les journées des salariés, ce qui revient sur de nombreux droits acquis par les salariés depuis le retour à la démocratie (1983).
Le projet de loi ajoute cependant une mesure nouvelle : un congé de paternité de 15 jours.

Il est très probable que l'idée du gouvernement soit de rabaisser les droits des salariés pour parvenir enfin à attirer les capitaux étrangers, qui est un effort, jusqu'à présent assez vain, affiché dès le début du mandat actuel.

Le lecteur français aura une nette impression de déjà vu, celle des ordonnances de la loi travail récemment signées par Emmanuel Macron. Avec une différence de taille toutefois. Le salarié argentin dispose de beaucoup moins de droit que son homologue français ou européen. Pour prendre un seul exemple, son droit à congés payés est lié à son ancienneté dans l'entreprise et on commence avec seulement deux semaines. Il faut rester cinq ans chez le même employeur pour avoir droit à plus. On imagine quelle triste situation est celle des travailleurs transférés de société en société au gré des fusions-acquisitions, des fermetures de sites, des faillites et de toute la volatilité qui marque le monde de l'entreprise, grosse ou petite, depuis une vingtaine d'années.

Le dessinateur Daniel Paz et le dialoguiste Rudy se sont amusés à la une de Página/12
Le type assis : Une entreprise condamnée pour esclavage
L'autre, debout : Qu'est-ce qu'elle a fait ?
Le type assis : Disons qu'elle a mis en pratique la réforme du travail
avant qu'elle ne soit approuvée.
Traduction Denise Anne Clavilier

Hormis Página/12, les quotidiens consacrent peu d'énergie à analyser le projet gouvernemental. Ils préfèrent analyser la situation des partenaires sociaux et les rapports de force qui se sont établis entre eux et le gouvernement.

Pour aller plus loin :
lire l'article de La Prensa sur les rapports entre la CGT et le ministre du Travail
lire l'article de La Nación sur le même sujet
lire l'article en vidéo de La Nación sur les décisions de Mauricio Macri et la faible marge de liberté dont il dispose pour faire repartir l'économie de son pays
lire l'article de Clarín sur les recommandations du ministre du Travail qui appellent les syndicats à avoir l'esprit ouvert (on a déjà entendu cela ailleurs, non ?)

Ajout du 4 novembre 2017 :
lire l'article de Página/12 sur la prise de position de la CGT qui rejette le projet de réforme du droit du travail.

Ajouts du 9 novembre 2017 :
lire l'article de La Nación sur la position prise par la CGT contre la réforme envisagée
lire l'article de Página/12 sur l'avis émis par un expert indépendant qui conseille l'ONU sur les réformes du droit du travail qui se produisent dans plusieurs pays fragilisés par la crise économique mondiale.

Ajouts du 14 novembre 2017 :
lire l'article de Página/12 sur la prise de position du nouveau président de la Conférence Episcopale d'Argentine, Mgr Oscar Ojea, qui a rappelé l'un des grands axes de la doctrine sociale de l'Eglise : le travail n'est pas une marchandise
lire l'entrefilet de La Prensa
lire l'article de La Nación
lire l'article de La Prensa sur la seconde journée de réflexion sur la justice du travail et la compétitivité où l'inflation de litiges est comparée à un cancer qui tue à petit feu la compétitivité du pays - cette journée était présidée par le ministre de la Justice !