mercredi 10 avril 2013

Joyeux comme un Pape [Actu]

Bannière apparue en début d'après-midi sur le site du Vatican
Je laisse au document son titre original : vous pourrez constater
que ce sont les communicants hispanophones qui ont pris l'affaire en main !


"Ah oui ! C'est important, ça !", c'est sur cette exclamation spontanée que le Pape, ce matin, au cours de son audience générale sur la place Saint-Pierre, a repoussé son micro, au milieu des cris d'enthousiasme de la foule, après avoir salué, à titre particulier et  pour la première fois en espagnol dans une célébration publique, une petite délégation azulgrana au milieu des autres pèlerins hispanophones : des sociétaires (socios) de son club sportif, le San Lorenzo de Almagro, conduits par le Président et le Trésorier (photos ci-dessous), ce club mythique du sud de Buenos Aires dont je vous ai déjà parlé le jour de l'installation du Pape au Vatican (voir mon article du 19 mars 2013) et dont le Pape est donc resté socio jusqu'à aujourd'hui, si l'on en croit le présent de l'indicatif employé là-dessus par le communiqué du Vatican, dont les auteurs semblent bien avoir pris leur parti de ce nouveau style pontifical (vous saurez tout en lisant la dépêche... rédigée en espagnol, eh oui ! Je n'ai pas vu qu'elle ait été traduite dans une autre langue et il est probable qu'elle ne le sera pas).

Si cela donne, comme c'est possible, quelques savoureuses réactions dans la presse argentine demain, je les reprendrai peut-être sur un second article. D'ici là, avouez que les documents publiés par le Club lui-même sont assez parlants...

Traduction de la réponse du Pape (ci-dessus) aux bons vœux envoyés par les dirigeants du San Lorenzo au lendemain de son élection (voir mon article du 19 mars) :

Mon cher Président

La lettre prévenante qu'à l'occasion de mon élection à la Chaire de Saint-Pierre vous avez tenu à m'envoyer, au nom du Club Sportif San Lorenzo de Almagro [autant qu'au vôtre], m'a causé une grande joie, tout comme le maillot de l'équipe que vous m'avez si gentiment offert.

No comment !
La photo est publiée par le San Lorenzo (sigle en haut à gauche)
avec la légende : "François n'oublie pas [nos/ses] couleurs".

Je vous remercie beaucoup de cette marque de considération que je vous retourne bien volontiers, en demandant à Notre Seigneur qu'il vous récompense généreusement pour la délicatesse de votre geste.

En lisant ce que vous disiez me sont venus en mémoire de beaux souvenirs, et ça commence dans mon enfance. A dix ans, j'ai suivi la glorieuse campagne de 1946 (1) : Quelle merveille, ce but de Pontoni !

Soyez tous sûrs que je ne vous oublie pas. Et au-delà de l'amour du football, je vous demande de cultiver l'amitié avec Jésus, le Véritable Ami, qui sera toujours avec vous (2), dans les moments heureux et également quand il se présentera des difficultés. Ouvrez-lui votre cœur et dites-lui tout ce que vous portez à l'intérieur. Lui prendra soin de vous et de vos familles et vous donnera des forces pour relever tous les défis auxquels vous êtes affrontés au jour le jour et pas uniquement sur le terrain sportif. Il n'est pas de plus grande gloire que de tout faire bien, pour l'amour de Dieu et de ceux qui nous entourent, en encourageant toujours une saine compétition, la fraternité et le respect mutuel.

Avec ces sentiments, et en vous suppliant de prier pour moi, je vous envoie avec affection la Bénédiction Apostolique que de tout cœur j'étends à tous les autres dirigeants, au personnel technique, aux joueurs et à tout le peuple bleu-grenat.

Vatican, le 20 mars 2013
Franciscus (3)
(Traduction Denise Anne Clavilier)



Pour aller plus loin :
Article sur l'audience générale de ce matin (sur Vatican News et en espagnol)
Page sur la lettre du Pape sur le site Internet du Club
Page sur les photos de l'Audience de ce matin sur le site Internet du Club

La photo, comme la précédente, a été publiée par le Club
et ça se voit (regardez en bas à gauche)

Vous pouvez aussi vous reporter à la caricature que Miguel Rep nous avait concoctée avant la Semaine Sainte et, plus largement, à toutes les entrées de ce blog qui porte sur ce berretín (4) si argentin qu'est le football.


(1) En plus, 1946 ce n'est pas n'importe quelle année dans l'histoire argentine. C'est une date-pivot : celle de l'élection de Perón à la Présidence, ce qui a changé le cours de l'histoire nationale.
(2) Allusion au dernier verset de l'Evangile de Matthieu, qui est traditionnellement le premier des quatre Evangiles dans une Bible.
(3) Le Pape signe toujours en latin. Vous remarquez que la signature n'est pas suivie du traditionnel PP (abréviation latine de Pape) qui accompagnait jusqu'à présent l'ordinal du prénom (Benedictus PP XVI). Le Pape a définitivement cessé d'être ce monarque d'un autre temps qui ne correspondait plus du tout à nos sociétés. Dieu merci !
(4) Berretín (lunfardo) : lubie, tocade, particularité, dinguerie... En France, on parle volontiers de sport national dans ce cas-là mais pour quand il s'agit de foot, cela complique la tâche du traducteur !