vendredi 20 novembre 2015

Appel in extremis des ONG en faveur du vote Scioli [Actu]

"Nous ne voulons pas de marche arrière dans le processus
historique de mémoire, de vérité et de justice".

Mercredi dernier, alors que la campagne électorale se clôturait hier soir, pour laisser trois jours de réflexion aux électeurs argentins, vendredi, samedi et dimanche, où se tient le scrutin, toutes les associations qui militent pour les droits de l'homme, à l'exception notable de Madres de Plaza de Mayo (1) mais avec la participation de Madres de Plaza de Mayo Linea Fundadora, ont émis un communiqué commun pour appeler à voter pour Daniel Scioli, le seul des deux candidats qui leur paraît garantir la poursuite du processus de démocratisation de l'Argentine, la continuité des enquêtes judiciaires pour retrouver les disparus de la Dictature et conduire au tribunal les criminels de ces sinistres années, ainsi que le maintien d'une politique de redistribution sociale de la richesse nationale. C'est Estela de Carlotto qui a lu le message devant la presse rassemblée au siège de Abuelas, où elle a l'habitude de se rendre à chaque fois qu'une identification a pu être rendue publique.

Página/12 est le seul des quatre grands quotidiens nationaux à avoir mis cette prise de position à sa une d'hier matin. La Nación (2) s'est elle aussi fait écho de cette déclaration sur son site Internet dès mercredi après-midi, en publiant l'intégralité du communiqué presque sans aucun commentaire (donc sans aucune manipulation de l'information).

Pour en savoir plus :
lire l'article de La Nación sur la conférence de presse
lire l'article de La Nación sur les propos de José Pablo Feinmann
lire l'interview de Feinmann dans El País
lire l'article de Página/12 sur les propos de Marcos Aguinis
lire l'interview de Aguinis dans El País (où il se garde bien de répondre à plusieurs questions très politiques).



(1) L'association Madres de Plaza de Mayo a depuis quelques années souffert quelques scandales retentissants quant à la gestion de ses finances. Un fossé s'est creusé entre elle et les autres associations, qui ne veulent pas être éclaboussées par les soupçons légitimes nés de ces irrégularités à répétition.
(2) La Nación se fait aussi l'écho des déclarations d'un intellectuel ouvertement kirchneriste au quotidien espagnol El País, José Pablo Feinmann, qui estime que le pays s'est lassé de l'intelligence supérieure de Cristina Kirchner, qui a cru bon ne s'entourer d'aucun conseiller et d'exercer le pouvoir d'une façon très personnelle (une sorte d'hyper-présidence pour parler comme en France). Elle aurait aussi péché en se montrant incapable de susciter des cadres politiques à l'intérieur du mouvement et prévoir sa propre succession, comme en France l'ont fait François Mitterand ou Nicolas Sarkozy, laissant chacun à son tour le parti qui l'avait porté au pouvoir dans un bien triste état. J'avoue partager cette dernière analyse. Quant à se fatiguer de l'intelligence, il se pourrait que ce soit vrai dans une Argentine qui reste très machiste dans bien des pans de sa société. En réponse peut-être à cet article, Página/12 reprend les propos tenus aussi, pour certains d'entre eux au moins, dans El País par l'intellectuel Marcos Aguinis qui soutient Macri, insulte Estela de Carlotto et Hebe de Bonafini (la présidente de Madres) et prétend que dans certains pays développés (paises serios), les gens ne connaissent pas le nom du chef du Gouvernement (j'aimerais bien savoir à quels pays il peut bien penser !). Il est intéressant de comparer les deux articles, celui de El País (centre gauche espagnol) et Página/12 (gauche argentine).