mercredi 19 mars 2014

San Martín par lui-même et... les autres – "l'art d'être grand-père" [ici]

San Martín par lui-même et par ses contemporains, en souscription aux Editions du Jasmin, avant sa parution en mai 2014
384 pages (comme Barrio de Tango, recueil bilingue de tangos argentins, paru en mai 2010 chez le même éditeur)
Prix de lancement : 20 € (au lieu de 24,90).
Bon de souscription à télécharger

Présentation de l'ouvrage – épisode n° 6

De toutes les éphémérides de José de San Martín, le 19 mars 1818 n'est certes pas la date la plus connue. C'est le seul revers militaire qu'il a subi en Amérique en exerçant le commandement effectif de l'armée. L'épisode est d'autant plus remarquable que tout ensemble, la surprise de Cancha Rayada mit en danger le processus d'indépendance du Chili et renforça la motivation des troupes patriotiques, ce qui se traduisit trois semaines plus tard, le 5 avril, par l'écrasante et terrible victoire de Maipú qui fut le tournant des guerres d'indépendance en Amérique du Sud.
Ce moment difficile et galvanisant est décrit dans San Martín à rebours des conquistadors, à la page 113 (Ed. du Jasmin) et, avec des points de vue divers (1), il est amplement documenté dans mon prochain livre, où il occupe les pages 120 à 137.

C'est pour cette raison que j'ai choisi aujourd'hui de ne pas revenir sur un nouvel épisode guerrier mais de consacrer cet article à une autre facette du héros : le grand-père qu'il fut dans son exil en France, grand-père aimant et attendri de deux petites-filles très remuantes, lui qui aurait tant voulu d'abord avoir un fils et ensuite au moins un petit-fils que sa fille unique, Mercedes, née à Mendoza, le 24 août 1816, ne put pas lui donner.

* * *

Dans la correspondance de San Martín qui nous est parvenue, nous pouvons grappiller quelques confidences pleines d'une tendresse pudique, très masculine et très moderne. Ce sont elles qui ont inspiré, à la fin des années 1940, un monument très particulier de Buenos Aires, Plaza Grand-Bourg, à Palermo : le Monumento al Abuelo Eterno (2), première tentative en Argentine d'humaniser l'iconographie, un rien trop solennelle, du Père de la Patrie (ci-dessous).

San Martín représenté avec ses deux petites-filles
face à l'Instituto Nacional Sanmartiniano
Plaza Grand-Bourg, à Buenos Aires

C'est une grande tendance des mouvements nationalistes de gauche comme le radicalisme et le péronisme (3) que de sacar del bronce a San Martín (littéralement "l'extirper du bronze"). Or, en 1950, au moment de l'inauguration de ce groupe sculptural (qui n'est pas un chef d'œuvre esthétique), pour le centenaire de la mort de San Martín, Perón lui-même occupait la présidence de la Nation. Aujourd'hui, cette volonté de sacar del bronce a San Martín a une application intellectuelle et idéologique dans ce grand mouvement d'historiens qu'on appelle là-bas el revisionismo et qui combat les schémas dominants, transmis par l'école, qui campent San Martín en héros martial, en uniforme, à cheval et hurlant continuellement ses ordres, comme on le voit sur la plupart des images d'Epinal, même sur les couvertures actuelles de la revue enfantine Billiken -voir là-dessus les autres épisodes de cette série- et les statues, dont celles qui se trouvent au Parc Montsouris à Paris et sur le boulevard Sainte-Beuve à Boulogne-sur-Mer.

Je vous livre donc aujourd'hui deux documents en complément de ce qui sera publié en mai dans mon livre, sans utiliser le principe des bonnes feuilles, pour la simple raison que les archives sur San Martín constituant un fonds presque infini, je préfère poursuivre le travail plutôt que me répéter...

* * *

Commençons par la naissance de la deuxième petite-fille, venue au monde à Grand-Bourg, la maison que San Martín avait achetée en 1835 dans le village d'Evry-sur-Seine, sans doute sur le conseil de son ami, Alexandre-Marie Aguado, qui était alors le maire de la commune (4).
Grand-Bourg, qui a désormais donné son nom à un quartier d'Evry, préfecture de l'Essonne, existe toujours. Depuis 1852, la maison abrite une communauté religieuse.

* * *

En octobre 1833, Mercedes a mis au monde son premier enfant, une petite fille prénommée elle aussi Mercedes et que son grand-père, qui ne la connaîtra que deux ans plus tard, appellera Merceditas. Elle mourut à Paris d'une erreur pharmacologique en 1860. Elle n'était pas encore mariée et ne laissa donc aucune descendance.

En 1837, San Martín possède depuis quelques mois un appartement à Paris, rue Saint-Georges (alors rue Neuve Saint-Georges), dans l'actuel neuvième arrondissement, une belle rue moderne et propre où résidaient aussi Adolphe Thiers et d'autres grands noms orléanistes. L'appartement semble surtout servir à la famille Balcarce, dont le père, Mariano, le gendre de San Martín, est chargé d'affaires à la Légation argentine, située alors rue de Berlin (actuellement rue de Liège), dans le quartier de l'actuelle gare Saint-Lazare. Le général préfère vivre dans sa propriété rurale, où il supporte encore pour quelques années l'hiver parisien. Sur le tard, cet enfant de l'Andalousie se mettra à craindre les frimas de nos latitudes et descendra tous les ans passer l'hiver en Provence ou en Campanie, pour retrouver le soleil qui lui manque tant sur les bords de Seine (sur ce point, mes lecteurs se reporteront au récit que fit en septembre 1843 Juan Bautista Alberdi à la page 16 de San Martín par lui-même et par ses contemporains).

Cet hiver-là, notre héros écrivit à l'un de ses amis resté à Mendoza, la ville dont il a été gouverneur de 1814 à 1816 et d'où il partit libérer le Chili (voir mes articles sur Chacabuco en 2012 et en 2014).

Grand-Bourg, 7 leguas de París, 1° de febrero de 1837.
Excelentísimo señor don Pedro Molina.

Mi antiguo y querido amigo :

Con fecha del 14 de noviembre pasado, escribí a usted y a otros amigos de Buenos Aires por la fragata francesa El Sol, que salió del puerto del Havre de Gracia, en principios de diciembre, con destino a Montevideo; desgraciadamente hemos tenido noticia que este buque se ha perdido enteramente en las costas de la Bretaña, habiendo salvado sólo tres individuos, entre ellos un pasajero por cuyo conducto hemos tenido esta infausta noticia.

Grand-Bourg, à sept lieues de Paris, 1er février 1837.
Monsieur Don Pedro Molina

Mon cher et vieil ami,

Le 14 novembre dernier, je vous ai écrit à vous et d'autres amis de Buenos Aires [des lettres que j'ai confiées] à la frégate française Le Soleil, qui a quitté le port du Havre de Grâce (5) au début de décembre en partance pour Montevideo. Malheureusement, nous avons appris que ce navire s'est perdu corps et biens sur les côtes bretonnes, trois hommes parvenant à se sauver, parmi lesquels un passager par qui nous avons appris cette funeste nouvelle (6).
(Traduction Denise Anne Clavilier)

Mis hijos llegaron con buena salud en fines de junio pasado, y a los pocos días la mendocina dio a luz una niña muy robusta : aquí me tiene usted con dos nietecitas cuyas gracias no dejan de contribuir a hacerme más llevaderos mis viejos días. Hace más de tres años que vivo retirado en este desierto; pero como en él he encontrado el restablecimiento de mi salud y por otra parte, la tranquilidad que en él gozo es más conforme con mi carácter y edad, lo prefiero a vivir en París cuya residencia después de ser contraria a mi salud yo no lo encuentro buena más que para los que desean una sociedad activa o se hallan precisados a residir por sus negocios: si, como espero, la tranquilidad de nuestra patria se consolida en términos que me aseguren poder pasar mi vejez en reposo, regresaré a ella con el mayor placer, pues no deseo otra cosa que morir en su seno.

Mes enfants sont arrivés en bonne santé à la fin de juin dernier et peu de jours après (7), la Mendocine (8) a mis au monde une enfant bien robuste et vous me voyez donc avec deux petites-filles dont les friponneries contribuent sans cesse à alléger mes vieux jours. Voilà plus de trois ans que je vis retiré dans ce désert (9) mais comme j'y ai recouvré la santé et que d'autre part la tranquillité dont il me permet de jouir convient mieux que Paris à mon caractère et à mon âge, je le préfère pour y vivre. Outre qu'il est contre-indiqué pour ma santé, Paris ne vaut d'être habité que pour les gens qui désirent une vie sociale animée ou se trouvent obligés d'y résider pour leurs affaires. Si, comme je l'espère, la tranquillité de notre patrie se consolide dans des termes qui m'assurent pouvoir passer ma vieillesse en repos, j'y retournerai avec le plus grand plaisir car je ne désire rien d'autre que mourir en son sein (10).
(Traduction Denise Anne Clavilier)

Balcarce no cesa de recordar con agradecimiento las distinciones y cariño con que usted lo trató a su paso por ésa: yo no lo esperaba menos de la franca amistad con que usted me honró desde el día en que por primera vez llegué a Mendoza, cuya distinción recibí igualmente de toda su honrada y patriota familia, cuyos individuos sin excepción, me dieron tantas y tan repetidas pruebas de consecuente amistad.

Balcarce (11) rappelle sans cesse avec gratitude les égards et l'affection que vous lui avez témoignés lors de son passage dans votre ville (12). Je n'en espérais pas moins de la franche amitié dont vous m'avez honoré depuis le jour où je suis arrivé pour la première fois à Mendoza, et j'ai reçu pareils égards de la part de toute votre honorable et patriotique famille, dont tous les membres, sans exception, m'ont donné si souvent tant de preuves d'une constante amitié.
(Traduction Denise Anne Clavilier)

Como en Mendoza será difícil encontrar personas relacionadas en París y pudiendo usted necesitar alguna cosa de esta capital, yo tendría la mayor satisfacción de poderle ser de alguna utilidad: en este caso escríbame usted lo que necesite, remitiéndome su carta bajo cubierta de don Gregorio Gómez, de Buenos Aires (y actualmente mi apoderado), que él me la dirigirá con seguridad. Debo prevenir a usted, que sería conveniente duplicase usted dicha carta por si la primera se extravía, como me ha sucedido con frecuencia, sobre todo cuando vienen a Europa por buques mercantes.

Comme il vous est difficile à Mendoza de trouver des personnes ayant des relations à Paris et comme vous pouvez avoir besoin de quelque chose en provenance de cette capitale (13), j'aurai la plus grande joie à pouvoir vous être de quelque utilité : dans ce cas, écrivez-moi ce dont vous avez besoin en remettant votre lettre sous couvert de don Gregorio Gómez, de Buenos Aires (qui est actuellement mon chargé de pouvoir) (14) car il me l'adressera d'une manière sûre. Je dois vous avertir qu'il conviendrait de doubler cette lettre au cas où la première s'égarerait, ce qui m'est arrivé souvent, surtout quand elles arrivent en Europe à bord de navires marchands.
(Traduction Denise Anne Clavilier)

La mendocina y Balcarce me encargan para usted y familia, sus más finos recuerdos. En cuanto a mí, sólo le diré que le desea todo bien y prosperidad éste su antiguo y sincero amigo Q. B. S.M.
José de San Martín.

La Mendocine et Balcarce me chargent pour vous et votre famille de leurs souvenirs les plus distingués. Et pour ma part, je vous dirai juste que vous souhaite tout bien et prospérité votre vieil et sincère ami qui vous baise les mains
José de San Martín
(Traduction Denise Anne Clavilier)
Promenade imaginaire dans la campagne d'Evry du grand-père et ses petites-filles
bas-relief du piedestal du Monumento al Abuelo Eterno

Un an plus tard, nous avons une autre lettre, cette fois-ci du frère puîné de Mariano, venu faire ses études de lettres à Paris.
Florencio Balcarce (1818-1839) est le dernier fils survivant de Antonio Balcarce et Dominga Buchardo, il a onze ans de différence avec son frère aîné, né en 1807, pendant la captivité de leur père, fait prisonnier par les Anglais à la prise de Montevideo, au début de l'année. Florencio avait un an et demi à la mort de son père, grand héros de la guerre d'indépendance, le second de San Martín à la bataille de Maipú et dernier Directeur suprême avant la déclaration d'indépendance du 9 juillet 1816.
Malgré sa courte vie et son œuvre inachevée, Florencio Balcarce est considéré comme le premier poète argentin, depuis que l'Argentine existe en droit, c'est-à-dire depuis 1816.
Quelques mois avant que ne lui soit adressée cette lettre, Mariano a été révoqué par Juan Manuel de Rosas de son poste d'attaché diplomatique à la Légation argentine de Paris, pour des raisons de basse politique qui font que San Martín ne décolère pas. Pour subvenir aux besoins de sa petite famille, Mariano, dont le sens de l'honneur est égal à celui de son beau-père, s'est donc lancé dans un projet d'import-export avec l'Argentine, visiblement, d'après les détails que donne Florencio dans sa lettre, dans la mode parisienne, avec toutes sortes d'articles et de produits qui vont du mobilier d'intérieur aux plantations du jardin en passant par l'habillement et les accessoires de parure, et il est vrai qu'à l'époque, la mode vestimentaire est une affaire d'importance à Buenos Aires.

Caricature de deux élégantes, à Buenos Aires (1834)
peignes sur-dimensionnés et à peine exagérés par rapport à la réalité
éventails et robes à la mode de Paris
Archives nationales de la République Argentine

Mariano vient donc de quitter la France pour l'Argentine, où il va établir un comptoir, laissant sa famille aux bons soins du général et de son frère étudiant (15).

París, mayo 3 de 1838.
Señor don Mariano Balcarce.

Querido hermano :

Aunque después de tu partida no ha llegado al Havre ningún buque de Buenos Aires, por las gacetas he tenido el disguto de saber la diferencia que había entre el gobierno y el cónsul francés y las amenazas alarmantes a que había dado lugar. Sería el colmo de la desgracia que a tu llegada no estuviese terminada la cuestión, y que vieses así frustrados tus proyectos. En este caso no sé si debería contarse como una felicidad la rapidez de tu viaje, que debe haberse llevado a medio camino en pocos días; según los cálculos de Mercedes y el general han hecho observando la veleta. Ojalá haya tenido todo un término que no nos deshonre […]

Paris, 3 mai 1838
Monsieur don Mariano Balcarce

Cher frère,

Bien que depuis ton départ aucun navire de Buenos Aires ne soit arrivé au Havre, par les gazettes j'ai eu le déplaisir d'apprendre le différent qui s'est élevé entre le gouvernement [argentin] (16) et le consul français et les menaces alarmantes à quoi il donne lieu. Ce serait le comble du malheur qu'à ton arrivée, ce point ne soit pas tranché et que tu voies ainsi tes projets échouer. En ce cas, je ne sais pas s'il faudrait compter comme un bonheur la rapidité de ton voyage (17) qui doit s'arrêter ainsi à mi chemin après quelques jours, d'après ce qu'ont donné les calculs à la girouette de Mercedes et du général. Pourvu que tout ça se soit terminé dans un sens qui ne nous déshonore pas... (18)
(Traduction Denise Anne Clavilier)

Dans le bas-relief, Grand-père et petites-filles soignent le jardin de Grand-Bourg

El domingo estuve en la chacra y Mercedes me dijo que creía había visto el primer número en lo de Rosa. Mi primera diligencia a la vuelta fué ir a ver a M. Merin : pero no lo encontré. Ayer volví y le dejó un papelito pidiéndole el informe que necesito. Como el buque está anunciado para fin de abril y el general me escribe que no dilate las cartas, no tengo tiempo para darte cuenta del resultado. […] Mercedes te escribió al Havre en su última carta que no recibiste, consultándote sobre el envió de la Presse. Sigo el consejo del general remitiéndotela. […]

Dimanche, je suis allé à la maison de campagne [Grand-Bourg] et Mercedes m'a dit qu'elle croyait avoir vu le premier numéro [d'une nouvelle revue de mode] chez Rosa. Mon premier soin en rentrant [à Paris] fut d'aller voir monsieur Merin mais je ne l'ai pas trouvé [chez lui]. Hier, j'y suis retourné et je lui ai laissé un petit mot pour lui demander l'information dont j'ai besoin. Comme le navire est annoncé pour fin avril et que le général m'écrit de ne pas retarder l'envoi des lettres, je n'ai pas le temps de te rendre compte du résultat. […] Mercedes t'a écrit au Havre dans sa dernière lettre que tu n'as pas reçue pour te demander si elle devait t'envoyer La Presse (19). Je suis le conseil du général en te l'expédiant […]
(Traduction Denise Anne Clavilier)

Tengo el placer de ver la familia un domingo sí y otro no. […] El general goza a más no poder de esa vida solitaria y tranquila que tanto ambiciona. Un día lo encuentro haciendo las veces de armero y limpiando las pistolas y escopetas que tiene : otro día es carpintero y siempre pasa así sus ratos en ocupaciones que lo distraen de otros pensamientos y lo hacen gozar de buena salud. Mercedes se pasa la vida lidiando con las dos chiquitas que están cada vez más traviesas. Pepa sobre todo anda por todas partes levantando una pierna, para hacer lo que llama volatín : todavía no habla más que algunas palabras sueltas ; pero entiende muy bien el español y el francés. Merceditas está en la grande empresa de volver az aprender el abc que tenía olvidado; pero el general siempre repite la observación de que no la ha visto un segundo quieta.

J'ai le plaisir de voir la famille un dimanche oui, l'autre non. […] Le général jouit on ne peut plus de cette vie solitaire et tranquille après laquelle il aspire tant. Un jour, je le trouve en train de jouer les armuriers et de nettoyer ses pistolets et escopettes (20), l'autre, le voilà charpentier (21) et ainsi passe-t-il tout son temps dans des occupations qui le distraient d'autres pensées et lui font jouir d'une bonne santé. Mercedes passe sa vie à s'escrimer avec les deux petiotes qui sont de jour en jour plus espiègles. Pepa surtout (22) court partout et elle lève une jambe pour faire ce qu'elle appelle zoizeau. Elle ne dit encore qu'un ou deux mots sans faire de phrase mais elle comprend très bien l'espagnol et le français. Merceditas est occupée à la grande tâche de réapprendre son alphabet qu'elle a oublié mais le général répète partout qu'il ne l'a jamais vue tranquille plus de deux secondes.
(Traduction Denise Anne Clavilier)

Yo continúo los mismos cursos de estudio que antes ; que sólo he agregado uno de preparación para los exámenes de bachiller. Aunque hace un mes que no hablo con Mad. Michu, te doy las expresiones que me encargó para tí cuando todavía estabas en el Havre. Mad. Mansut me pregunta con interés cada vez que la veo, si la navegación a Buenos Aires, o a la intendencia como ella le llama, es peligrosa ? Mi salud está casi del todo restablecida. Me resiento algunas veces de las variaciones del tiempo ; pero a medida que la estación adelanta, me voy reponiendo, y recobrando una actividad que no tenía hace tiempo. Si me escribes, no dejes de hablarme largo de madre y mis hermanas así como de la medicina de Avelino.

Te deseo prosperidad y que creas en la gratitud y amistad de tu hermano.

Florencio G. Balcarce.

Pour ma part, je continue le même parcours d'études qu'avant car j'ai juste ajouté une préparation pour les examens du baccalauréat (23). Bien que cela fasse un mois que je n'ai pas parlé avec madame Michu, je t'envoie les salutations dont elle m'a chargé pour toi quand tu étais encore au Havre. Madame Mansut me demande avec intérêt chaque fois que je la vois si le voyage jusqu'à Buenos Aires ou jusqu'à l'intendance comme elle l'appelle, est dangereux. Ma santé est presque tout à fait rétablie (24). Je souffre un peu parfois des changements du temps mais à mesure que la saison progresse, je me rétablis et reprends une activité que je n'avais pas depuis longtemps. Si tu m'écris, surtout donne-moi des nouvelles de mère et de mes sœurs comme de la médecine d'Avelino (25).

Je te souhaite toute prospérité. Crois à la gratitude et à l'amitié de ton frère.

Florencio González Balcarce
(Traduction Denise Anne Clavilier)

Source pour ces deux lettres : Documentos del Archivo de San Martín, tome 9, Museo Mitre, Buenos Aires, 1910, respectivement p 494 et 192.

Ce troisième bas-relief trouve son inspiration directe dans la lettre de Florencio Balcarce
Je vous laisse regarder comment et pourquoi en cliquant sur l'image pour l'agrandir


Prochain rendez-vous de cette série d'articles prévu le 5 avril pour célébrer l'anniversaire de la victoire de Maipú, la charnière politique et stratégique de l'indépendance en Amérique du Sud.
Entretemps, nous nous retrouverons vendredi pour la mise en ligne de l'interview que j'enregistre ce soir par téléphone sur RAE, avec Leonardo Liberman.

* * *

Pour accéder à d'autres documents historiques relatifs à San Martín :
voir mes articles de présentation de la biographie San Martín à rebours des conquistadors
voir l'ensemble de mes articles sur San Martín par lui-même et par ses contemporains.

Participer à la souscription de San Martín par lui-même et par ses contemporains (valide jusqu'au 30 avril au prix de lancement de 20 €)

Pour en savoir plus sur la maison d'édition.

Pour en savoir plus sur la figure mythique et historique de San Martín, cliquez sur son nom dans le bloc Pour chercher, para buscar, to search, ci-dessus.

Et en attendant ma prochaine interview sur ce livre (en espagnol) demain soir, très tard en streaming, ou après-demain à n'importe quelle heure sur le blog de RAE et celui du journaliste Leonardo Liberman à partir de vendredi matin, vous pouvez écouter celle que j'ai donnée à Darío Bursztyn, en août dernier, sur le même sujet et la même station du groupe radiophonique public argentin, Radio Nacional, écouter aussi celle que j'ai donnée à Jordi Batallé de RFI espagnol et consulter mes propositions de conférences sur ces thèmes de l'histoire argentine sur mon site Internet.




(1) J'ai rassemblé un récit en anglais du général William Miller, qui était alors capitaine d'artillerie, une description de la réaction de Santiago, par un négociant anglais, Samuel Haigh, qui n'est pas sans nous renvoyer aux images d'incertitude qui nous arrivent ces jours-ci de Crimée et d'Ukraine continentale, un rapport en espagnol de Tomás Guido, représentant argentin au Chili, alors qu'il ignore encore ce qu'il s'est réellement passé sur le terrain, une analyse stratégique établie après coup par San Martín (après sa victoire de Maipú) et enfin le discours qu'il fit sur la grand-place de Santiago et qui ne peut que nous rappeler celui de De Gaulle le 18 juin 1940 : revenu dans la capitale chilienne sous les vivats malgré la dispersion de ses troupes, le voilà déjà qui mobilise la population, la rassure sur le sort final de la guerre et organise la contre-attaque qui va se révéler définitive. Selon un principe qui m'est cher, les textes sont présentés dans la langue originale sur la gauche de la page et en français à droite. Les quelques textes originalement en français sont, eux, présentés en pleine page, uniquement dans notre langue. Voir mon article du 21 février 2014 sur les différents auteurs rassemblés dans ce recueil.
(2) Monument au Grand-Père Eternel.
(3) Radicalisme et péronisme appartiennent pleinement au monde sud-américain en ce sens que, contrairement à ce qui s'est passé en Europe, où la pensée sociale s'est développée à partir des années 1840 dans une dimension internationale, à travers les différents courants socialistes, la gauche latino-américaine a continué à lutter pour l'indépendance nationale, qui n'est toujours pas pleinement acquise dans toutes ses dimensions aujourd'hui, tout en développant des politiques de droits sociaux et de répartition économique en faveur des classes laborieuses. Le socialisme en tant que tel reste donc très minoritaire dans le sous-continent, à cause de l'idéologie internationaliste qui le sous-tend et qui correspond fort peu aux problématiques concrètes rencontrées par les populations locales.
(4) Une légende tenace, inventée par les intellectuels de l'oligarchie conservatrice des années 1850-1860, Sarmiento, Mitre et Vicente López, veut que la maison ait été achetée avec l'aide d'Aguado, homme d'affaires avisé et richissime, d'origine sévillane, qui avait servi au début de la guerre d'indépendance espagnole dans le même régiment que San Martín. Très peu de temps : à peine quinze jours, selon ce que nous disent les archives militaires de 1808. Assez toutefois pour qu'une amitié soit née entre les deux hommes, amitié qui se réactiva en 1831 après qu'en mars, San Martín avait quitté Bruxelles, qui hésitait sur le régime du pays né de la révolution d'août 1830, et s'était installé à Paris. On ignore les modalités de leurs retrouvailles mais il se pourrait bien que ce fut à l'initiative d'Aguado, qui aimait s'entourer de grands noms politiques et San Martín, ancien chef d'Etat d'un Pérou nouvellement indépendant, en était encore un à l'orée de la Monarchie de Juillet. En revanche, une initiative de San Martín ne paraît guère vraisemblable, tant l'homme fuit les mondanités. Or Aguado était un mondain de première importance dans le Paris de ces années-là. Il est possible aussi qu'ils se soient trouvés nez à nez dans une cérémonie religieuse typiquement hispanique, comme une messe de San Isidro, de San Vicente ou de Notre-Dame du Rosaire, où toute la communauté des exilés hispanophones accourait, toutes couleurs politiques confondues. L'apport financier d'Aguado au patrimoine immobilier de San Martín est hautement invraisemblable tant elle contredit le sens de l'honneur du général et le rôle de l'argent dans sa vie. L'explication se trouve très certainement dans le voyage de sa fille et de son gendre à Buenos Aires, après leur mariage à Paris en décembre 1832. Une fois en Argentine, Mariano Balcarce profita de la présence d'un de ses oncles dans les instances dirigeantes du pays pour faire régler des arriérés de soldes, rentes et pensions votées en 1817 et 1818 à Buenos Aires, qui n'avaient plus été versées à San Martín que de manière irrégulière depuis son départ en Europe en février 1824. Du coup, à Paris, ce dernier vit brutalement son compte en banque crédité de grosses sommes et après 1833, on ne le voit plus dans sa correspondance exposer aucun souci financier à son ami O'Higgins, alors en exil à Lima. Manque de chance : cette disparition des tracas pécuniaires correspond aussi aux retrouvailles avec Aguado. Il était donc facile et tentant pour les trois créateurs de la légende dorée de San Martín, qui étaient paradoxalement ses adversaires idéologiques, d'interpréter cette soudaine aisance du général dans un sens qui les arrangeait parce qu'à leurs yeux, elle aurait dû le discréditer : celui d'un exilé entretenu comme une cocotte par un riche banquier. L'idée a été adoptée sans guère d'esprit critique par les Argentins, grâce aux leçons d'histoire à l'école primaire, mais elle n'a pas du tout entamé l'immense admiration qu'ils portent au héros. Essayez tout de même d'aller convaincre l'Argentin de la rue qu'Aguado n'a jamais financé San Martín. Je vous paye des prunes si vous y parvenez...
(5) C'est le vieux nom du Havre que San Martín utilise jusqu'au début des années 1840.
(6) Le transport commercial de passagers est encore balbutiant. Il existe à peine quelques lignes régulières pour relier les deux continents. Le transport des voyageurs comme du courrier se fait donc au coup par coup en fonction des navires en partance, qu'ils soient marchands ou militaires. Les deux ports français qui assurent la liaison intercontinentale sont alors Le Havre et Bordeaux. San Martín suit au jour le jour les activités de ces deux ports à travers les journaux pour acheminer sa correspondance. Il faut donc imaginer le service d'abonnement qui convoie tous les jours le Journal des Débats, le Figaro et la Presse de Paris à Grand-Bourg, sans parler de plusieurs titres étrangers auxquels San Martín est également abonné.
(7) Pauvre Mercedes qui a fait la traversée enceinte et, quelques jours avant terme, a dû encore prendre la diligence du Havre jusqu'à Paris pour rejoindre son père, avec son mari et leur aînée de deux ans et demi.
(8) Il s'agit de Mercedes, qui est née à Mendoza. San Martín s'adresse à un habitant de Mendoza qui a vu naître sa fille.
(9) Evry-sur-Seine, 600 âmes, 40 électeurs (suffrage censitaire jusqu'en 1848), un village de maraîchers au sud de Paris. Voir le site Internet officiel de la ville, anciennement dirigé par Manuel Valls, qu'un journaliste argentin avait surnommé "le ministre espagnol de Hollande" (je dis ça pour mes lecteurs argentins, qui ne sont pas toujours au courant de ces petits détails de la vie municipale gauloise). Les chiffres ont quelque peu changé ! San Martín a toujours aimé vivre retiré dans des coins peu habités, à la campagne ou encore plus volontiers au bord de la mer, comme il l'a fait au Chili et à Lima. Or ce n'était pas du tout la mode et ça paraissait très bizarre à ses contemporains qui le voyaient comme une sorte d'ermite laïc assez difficile à comprendre. Il a passé une grande partie de son enfance et de sa jeunesse en bord de mer. Voir San Martín à rebours des conquistadors, première partie.
(10) Bien entendu, ce n'était pas avec le gouvernement de Juan Manuel de Rosas qu'une telle condition pouvait être acquise. Il y eut bien en 1841 une opportunité pour San Martín d'aller s'installer au Chili mais il dut rester à Paris pour régler les suites patrimoniales du décès d'Aguado, intervenu en avril 1842. Aguado l'avait nommé son premier exécuteur testamentaire et co-tuteur de ses deux fils mineurs. San Martín prit donc la résolution de rester à Paris jusqu'à la fin des opérations successorales mais en 1843, il commença à ressentir une gêne oculaire, prémisse d'une double cataracte, qui allait bientôt lui interdire d'envisager une longue traversée.
(11) Son gendre, Mariano Balcarce. Selon la personne à qui il s'adresse et l'époque à laquelle il écrit, il parle de Mariano, Marianito, le fils de notre ami Balcarce, le mari de ma fille, mon gendre (mi hijo político) , mon fils (mi hijo, tout court)...
(12) A la demande de San Martín, Mariano était allé à Mendoza régler quelques affaires relatives à la propriété agricole de son beau-père à Los Barriales et reprendre les armes qu'il avait laissées en dépôt chez une voisine, madame Ruiz. Parmi ses armes, il y avait le fameux sabre, acheté à Londres en 1811 et aujourd'hui exposé dans le hall d'honneur de la caserne des Grenadiers à cheval à Palermo. San Martín avait prié Mariano d'aller le lui chercher et de le lui rapporter quand il avait appris la naissance de sa première petite-fille. Il caressait l'espoir de le léguer à un "petit-fils si par chance il m'en naît un un jour". Il n'y eut pas de petit-fils et le "glorieux sabre" est revenu à Rosas, pour "avoir soutenu l'honneur national contre les attaques injustes des deux plus grandes puissances du monde" (la Grande-Bretagne et la France), au grand dam des unitaires libéraux fanatisés par leurs sentiments anti-rosistes comme Mitre, Sarmiento et Avellaneda, qui n'ont rien compris et ont interprété cette dernière volonté comme un symptôme de sénilité chez le vieux guerrier. Et ils ont osé faire circuler cette version-là de l'histoire ! Le testament avait été écrit en 1844 et Sarmiento, qui avait vu à plusieurs reprises San Martín à Grand-Bourg en 1847, était bien placé pour savoir que l'homme jouissait alors de toutes ses facultés. C'est d'ailleurs ce qu'il dit en 1848 et cela est resté vrai jusqu'au dernier souffle du "Fondateur de la Liberté du Pérou", le 17 août 1850 à 15h.
(13) San Martín pense très certainement ici à des articles de mode, des tissus, des livres (et non seulement de la littérature romantique, mais aussi des traités d'agriculture et surtout de viticulture et d'oléiculture, activités essentielles dans la Province de Cuyo), des partitions, des instruments de mesure, de calcul, d'observation, bref tout ce dont une ville développée et industrialisée comme Paris regorgeait et dont était privée la bourgeoisie d'une ville enclavée au pied des Andes comme Mendoza.
(14) Dans mon article précédent, je vous parlais dans une note de la grande confiance que San Martín avait mis en son beau-fère, Manuel de Escalada, jusqu'au début des années 1830 quand il apprit, sans doute par Mariano ou par Mercedes, les agissements de ce dernier et lui retira tout pouvoir. Il chargea alors, après le départ de Mariano de Buenos Aires, Goyo Gómez, un ami qu'il tutoyait (le seul qu'on connaisse de façon sûre dans ce cas-là), de veiller à ses intérêts. Gregorio Gómez avait été son envoyé et celui du Directeur suprême Juan Martín de Pueyrredón à Londres en 1817 pour aller recruter en Europe des vétérans des guerres napoléoniennes pour la cause patriotique sud-américaine. C'est grâce à lui qu'on voit apparaître en 1818 dans l'armée des Andes des officiers mis à la demi-solde par Louis XVIII comme Brandsen, D'Albe (fils), Beauchef ou Brayer, tous des anciens de la Grande Armée, qui n'avaient pas retourné leur vareuse à la Restauration.
(15) Autre légende, bien reprise sur Internet et dans toutes les langues, le gendre de San Martín aurait été médecin. Si tel avait été le cas, il n'aurait pas entrepris, jeune père de famille, un voyage aussi dangereux pour se construire une situation : il aurait ouvert un cabinet médical à Paris ou dans cette campagne déshéritée. Ni le bassin parisien ni la capitale n'étaient alors surmédicalisés comme ils peuvent l'être aujourd'hui. D'ailleurs les documents français qui parlent de Mariano ne lui attribuent jamais le titre de docteur, ce qui serait indubitablement le cas s'il était médecin. Il est probable que Mariano n'est jamais allé plus loin que la licence, ce qui était déjà très bien à cette époque-là, et qu'il a fait des études de géographie, d'histoire ou de droit, les trois disciplines étant alors très peu distinctes les unes des autres.
(16) En fait Rosas, qui vient de rendre obligatoire le dédouanement des marchandises étrangères au port de Buenos Aires, ce qui revient à interdire aux bâtiments étrangers de naviguer sur les fleuves de l'intérieur du pays, notamment le Paraná qui mène au Paraguay. La France a donc aussitôt entamé un premier bras de fer avec Rosas. Alors, en dépit de tout le mal qu'il pense de lui pour sa politique intérieure et son caractère despotique, San Martín lui écrira à la fin de cette même année une lettre de soutien où il lui offre ses services pour soutenir le combat à un poste conforme à son âge avancé (il a soixante ans). En réponse, Rosas, qui se méfie, le nommera Ambassadeur au Pérou. Fin de la première tentative de conciliation. Cependant les soucis diplomatiques se répétant, San Martín reprendra la plume et les deux hommes vont peu à peu se rapprocher, autour du seul point qui les unit, l'amour de la patrie et de son honneur.
(17) Quelques semaines plus tôt, dans une lettre à un ami, San Martín disait espérer que le voyage de son gendre ne durerait pas plus de deux ans et il était très préoccupé de voir ainsi le jeune père de famille s'éloigner au risque de laisser une femme et des enfants sans protection paternelle. La traversée, à l'aller ou au retour, pouvait être fatale.
(18) Suivent des considérations sur les renseignements que Florencio recueille pour servir les projets de son frère. C'est passionnant pour un historien de la vie quotidienne à Paris cette année-là mais franchement fastidieux dans le cadre de ce blog.
(19) Un quotidien parisien maintenant disparu.
(20) que lui a rapportés Mariano de Mendoza à peine deux ans plus tôt.
(21) San Martín avait une formation d'ingénieur militaire. Il savait donc ce qu'est une charpente.
(22) Pepa, diminutif de Josefa (comme Pepe pour José), le bébé né en juillet 1836.
(23) Florencio semble avoir déjà fréquenté l'université à Buenos Aires, en lettres. Mais en France, il faut d'abord qu'il passe le bac, qui est déjà un examen très prestigieux à cette époque. C'est souvent le seul qu'on acquiert dans la plupart des métiers de la bonne bourgeoisie d'affaires. L'Université est réservée à quelques métiers très particuliers : juges, avocats, médecins, archéologues, chartistes. Les ingénieurs, les professeurs et les architectes passent eux par les grandes écoles. Et c'est tout.
(24) Florencio souffre d'une tuberculose. Il a le même parcours que Remedios vingt ans plus tôt, avec des phases où il est très malade et des phases de rémission. L'année suivante, sa santé se dégradant de façon continue, il retournera à Buenos Aires où il mourra peu de temps après.
(25) D'Avelino, né quelques années avant Florencio, on sait qu'il a bien fini ses études de médecine. Il fut l'un des premiers médecins à s'être formés entièrement à Buenos Aires, à l'université fondée par Rivadavia en 1821. Des sœurs, on ignore presque tout de l'une (on ne connaît même pas sa date de mort, mais on voit ici qu'elle est probablement toujours vivante en 1838). De l'autre, on sait qu'elle vint vivre, près de son frère et de sa belle-sœur, en France, en 1858, après la mort de leur mère, Dominga Buchardo, et qu'elle est décédée à Paris ou à Brunoy. Elle est probablement enterrée à Brunoy, dans le monument des Balcarce, où reposent toujours ses deux nièces, Mercedes et Josefa Balcarce y San Martín. Les époux Balcarce, morts en 1875 et 1885, reposent maintenant dans la cathédrale de Mendoza. On a éparpillé la famille un peu partout en Argentine : San Martín et Remedios sont à Buenos Aires, lui à la cathédrale, elle au cimetière de Recoleta, Mercedes et Mariano à Mendoza et les parents de San Martín sont à Yapeyú, après avoir reposé aux pieds de leur bru, à la Recoleta.