mercredi 10 juillet 2013

La visite pontificale à Lampedusa, vue depuis l'Argentine [Actu]

La visite que le Pape François a rendue avant-hier matin, lundi 8 juillet 2013, à l'île de Lampedusa, où affluent depuis des années les boat-people africains en quête d'eldorado européen (qui les rejette ou les accueille mal), a fait naturellement l'objet d'un certain nombre d'articles dans la presse nationale argentine.

Photo EFE

L'article de La Nación se révèle le plus proche de la nature de ce voyage pastoral : des trois grands quotidiens, c'est le seul qui fasse allusion d'un des épisodes de la Genèse sur lesquels le Pape a construit son homélie (le meurtre d'Abel par son frère Caïn, mais La Nación omet la référence au Seigneur Dieu à la recherche d'Adam après le péché originel), le seul aussi à rendre compte, en partie du moins, de la signification de l'absence du décorum traditionnel (l'écarlate cardinalice, les tapis rouges et autres signes habituels, que malgré tout il ne relie pas au caractère pénitentiel de la manifestation, pourtant très clairement évoqué par le service de presse du Vatican dès l'annonce de la visite). C'est aussi le seul qui a publié cette photo du Pape (ci-dessous) tenant en main cette très émouvante et pauvre férule de bois, construite avec les débris d'une barque d'immigrants clandestins échouée sur ces côtes du sud de la Sicile...

Dans les trois cas, les journalistes ont ressenti l'homélie du Pape comme une attaque frontale et très vigoureuse contre les politiques d'immigration en Europe et tous les trois, La Nación, Clarín et Página/12, s'en sentent ragaillardis (comme si le Pape avait pris leur parti contre l'Union Européenne). Pourtant en Europe, le texte, très résolu il est vrai et charpenté, n'a été reçu ni comme aussi accusatoire ni comme aussi ciblé. Les commentateurs et le simple quidam doté d'un cerveau y voient une dénonciation de la culture du bien-être matérialiste et de la société de consommation (dans laquelle le Pape lui-même s'est inclus) et qui est bel et bien en marche en Argentine, comme ailleurs. Car en Argentine, grand pays d'immigration s'il en fut, est aujourd'hui un pays où il ne fait guère bon vivre lorsqu'on est un immigré économique venu des pays voisins (Paraguay, Bolivie, Pérou et même Chili).



Pour aller plus loin :
Se référer au texte de l'homélie (en français avec vidéo, sur le site Internet du Vatican)