dimanche 12 mai 2013

Le Pape et les journalistes (argentins) [Actu]

Photo choisie par la communication vaticane
pour illustrer la messe du 11 mai au matin

Branle-bas de combat ce matin dans la presse argentine : rendez-vous compte ! Le Pape a accueilli quatre ou cinq journalistes argentins accrédités à Rome et accompagnés des conjoints et des enfants à la messe qu'il préside à sept heures tous les matins à la chapelle de la Maison Sainte-Marthe où il réside. Ce qui nous vaut tous les matins ou presque un petit résumé de l'homélie du jour sur le site du Vatican et parfois un écho repris dans l'édition du jour de l'Osservatore Romano (toujours très éclairantes, pleines d'images surprenantes et souvent très drôles, de telle sorte qu'elles marquent profondément la mémoire).

Dans les premiers jours, il a demandé à tous les services du Vatican de venir y participer à tour de rôle pour faire connaissance. Ainsi donc chaque matin, c'est une délégation d'un département ou d'un autre qui est présente, généralement en nombre, pour une messe souvent coprésidée avec des prêtres de passage à la Maison qui accueille les visiteurs du monde entier qui viennent honorer des rendez-vous de travail à la Curie romaine.

Hier donc, à côté d'un groupe de gendarmes pontificaux en grand uniforme, dont deux ont servi la messe, la présence d'une poignée de journalistes apparaît à leurs confrères restés au pays comme la preuve d'une réception de la presse argentine par le Pape. Et la suite des articles est à l'aune de ce début... Comme d'habitude, c'est Página/12 qui publie l'article le plus nourri tout en restant proche des faits. Il souligne que les journalistes doivent leur participation à cette célébration aux efforts de l'Ambassadeur argentin auprès du Saint-Siège, le même qui avait accueilli Estela de Carlotto pendant son récent séjour à Rome (voir mon article du 25 avril 2013). Página/12, dont le papier reste anonyme (d'ordinaire ils sont signés de Elena Llorente), relève que le Pape a insisté dans son homélie sur les pauvres et les exploités (c'est le thème qui leur paraît légitime et incontestablement compréhensible dans le discours du Pape, le reste lui échappant le plus souvent). L'article se termine par un inventaire à la Prévert de cadeaux offerts au Saint-Père, plus fantaisistes les uns que les autres, de considérations sur les équipes de foot romaines et une lettre à propos d'un prêtre uruguayen disparu à Buenos Aires pendant la Dictature.

Chez Clarín et La Nación, on s'embrouille un peu les crayons avec un ton qui se veut empesé. Les quatre journalistes auraient été "reçus au cours d'un sermon" (n'importe quoi !). Suit une macédoine de détails sans lien entre eux et surtout de peu d'intérêt (à quelle heure se lève le Pape, et ensuite il prend son petit-déjeuner, le croiriez-vous ?). Histoires de chiffons quand on nous raconte doctement qu'après la messe, le Pape s'est retiré dans la sacristie pour ôter sa chasuble (pas possible !) et revenir prier sur un banc simplement vêtu de sa soutane blanche (vous m'en direz tant !). Pour La Nación, la Maison Sainte-Marthe n'est autre qu'un hôtel quatre étoiles et la croix pectorale du Pape est en argent. Quelle pitié !

Le seul enseignement à retirer de cette purée de pois, c'est qu'aucun de ces quotidiens n'avait l'un de ces rédacteurs parmi les participants à cette messe. Sinon, vous pensez bien qu'ils feraient sonner de la trompette devant eux !

Photo choisie par Clarín
Au fond, les familles des journalistes argentins, avec une petite fille mal réveillée...

Pour aller plus loin :
lire l'article de Clarín (qui a publié aussi un article qui doit se prétendre de fond et où il embrouille tous les projets que la rédaction attribue au Souverain Pontife sans hiérarchie entre eux, bref de la contre-information)
lire l'article de La Nación, qui publie aussi un article sur un coup de fil que le Pape aurait passé à un cacique Qom actuellement en grand conflit avec le Gouverneur de sa province dans le Nord-Ouest argentin (je n'en ai pas trouvé d'écho sur le site du Vatican, ce qui ne veut pas dire que le coup de fil est une invention du chef Qom qui l'aurait rapportée aux journalistes de La Nación). Un contentieux dont Página/12 s'est fait écho ces derniers jours avec honnêteté, sans piper mot de cet appel téléphonique.
lire l'article de News VA en français, qui reproduit une dépêche AFP (sic) et développe un peu le thème des journalistes argentins, qui constitue de tout évidence un point très secondaire du papier
lire l'article de News VA en anglais (c'est à peine si on évoque le sujet)