mercredi 2 janvier 2013

Une augmentation démentielle du ticket de métro en perspective [Actu]


Hier, malgré le caractère férié du Jour de l'An, Mauricio Macri, le chef du gouvernement de la Ville Autonome de Buenos Aires, a annoncé les grandes perspectives de l'année 2013 pour sa gestion de la ville de Buenos Aires et c'est renversant...

Il a confirmé le remplacement des actuelles voitures historiques de la ligne A, datant d'avant la première guerre mondiale, par des wagons chinois (voir mes articles du 27 décembre et du 30 décembre 2012 à ce sujet), qu'il opère, au détriment de ses administrés, en faisant fermer la ligne sans doute tout l'été, ce qui va congestionner une des principales artères urbaines pendant la pleine saison touristique, flanquer en l'air les activités culturelles qui s'efforcent de continuer pendant l'été, et va faire grimper le taux de pollution déjà poussé à son maximum par les fortes chaleurs estivales... Il a aussi annoncé que le prix du ticket de métro allait augmenter dans des proportions affolantes, pour compenser la perte des subventions que jusqu'à la passation de responsabilité du niveau national au niveau municipal les pouvoirs publics nationaux accordaient au métro de la capitale.

De 2011 à 2012, le billet est déjà passé de 1,1 $ l'unité à 2,5 $. En 2013, sans doute à la rentrée générale de mars, il est question d'en faire passer le prix à 3,40 $ et Mauricio Macri a même annoncé une probabilité de 6 $. Car il n'envisage pas un seul instant de remplacer la subvention nationale par des fonds de la Ville, alors que les impôts ne cessent d'augmenter depuis qu'il est le chef du gouvernement portègne et que depuis lors ni les hôpitaux, ni les écoles ne sont plus chauffés en hiver, pour ne signaler que ce dysfonctionnement au milieu de beaucoup d'autres dont je vous entretiens à longueur d'année. A se demander où passe l'argent du contribuable.

A la Legislatura, l'opposition a une explication à cette série de mesures absurdes : Mauricio Macri veut faire du métro portègne une affaire rentable, commerciale, qui dégage du profit, comme tout ce qu'il touche en sa qualité d'homme d'affaires, qu'il confond de plus en plus avec celle de mandataire politique élu. Il ne considère pas le service de transport comme un service public, appartenant par définition au secteur non marchand, mais en fait un business comme un autre. Depuis quelques temps déjà, il fait ainsi développer dans Buenos Aires, au profit de sociétés concessionnaires qui ont pour objectif de dégager du bénéfice pour leurs actionnaires, des lignes de bus privées, à tarification spécifique, avec nombre de passagers limités (on n'y voyage pas debout) et couloir prioritaire ou réservé sur tout ou partie du parcours, avec des machinistes qui ne bénéficient pas du même statut contractuel que leurs collègues travaillant dans ce qui reste le service public. Pour le citoyen lambda qui vit tous les jours à Buenos Aires et qui a besoin de se déplacer tout le temps pour se rendre à son travail, faire ses courses, aller au collège, sortir le soir etc. ces bus se révèlent hors de prix et renforcent la fracture sociale endémique dont souffre la ville depuis sa fondation au lieu de contribuer à la résorber grâce à la redistribution par l'investissement public et l'impôt.

Rappelons pour mémoire que dans la capitale argentine, 6 $, c'est le prix (très cher) d'un simple casse-croûte quotidien que vous achèteriez dans une confitería de luxe, une empanada de carne mais dans les beaux quartiers. Pour un prix nettement inférieur (entre 4 et 5 pesos), vous en avez trois au supermarché Coto du coin (les supérettes indépendantes n'offrent pas ce type de produit alimentaire). Imaginez le prix du ticket de métro à la hauteur de celui du jambon-beurre en France avec un jambon de charcutier tranché main !

Pour aller plus loin :
lire l'article de Página/12 (hostile à la politique de Macri)
lire l'article de Página/12 sur les positions de l'opposition à la Legislatura
lire l'article de Todo Noticias (TN), groupe Clarín, plus favorable à la politique de Macri par opposition à la ligne du gouvernement national.

Voyant la très vilaine tournure qu'est en train de prendre cette affaire, avec l'affirmation de Macri de moins en moins dissimulée d'adopter des positions ultra-clivantes frôlant le déni de démocratie et la volonté de saboter ouvertement la politique suivie au niveau national (par une majorité élue et bien élue, en octobre 2011), qui viennent s'ajouter à un lourd passif judiciaire pour obstructions multiples au bon respect de la constitution de la Ville Autonome, je crée aujourd'hui le mot-clé subte (métro) dans le bloc Pour chercher, para buscar, to search, sous le titre d'article, pour rassembler toutes mes entrées portant sur le métro et sa gestion...